On ne mange pas les cannibales

Mai 1976, Sud de la France, nous empruntons le chemin qui mène au gros mimosa et suivons Bambi Rapaz, 16 ans. Jeune fille aussi singulière qu’énigmatique. Depuis des mois, Bambi fuit la maison toute la journée pour se rendre dans le Zoo de Noel Rivière. Il faut croire que contempler les autres : les humains tout comme les animaux, apaise et permet de momentanément s’oublier. Dans ce roman noir, pas de hiérarchisation, les animaux sont aussi complexes que leurs interlocuteurs et leur univers est aussi foisonnant que le nôtre.

L’auteure déploie une écriture fluide et généreuse. En surface, c’est une lecture sans accroc mais elle ne tarde pas à s’enliser dans une cruauté qui prend racine au plus profond de chaque personnage dont la psychologie est aussi intenable, que fouillée.

Le répit est de courte durée, si Noël représente un espoir, une échappatoire ainsi que l’accès à la sécurité. A la maison, il n’en reste pas moins qu’une mère de famille léthargique à la couche pleine, les étranges petits jumeaux Sam et Valérien, la chienne borgne Carnage et Martin. Terrible Martin, chef de famille autoproclamé aussi violent dans ses gestes que dans l’amour qu’il exprime à sa sœur. Bambi couve au mieux cette famille dysfonctionnelle. C’est une héroïne aussi résiliente que fascinante, terriblement touchante et l’écho qu’elle retrouve en Rivière est incroyable.

Un récit très sombre, fourni et intelligent. Mais une histoire dont on ne peut trop en révéler tant la ligne est subtile et le précipice si proche. C’est un coup de cœur.

Merci Stéphanie Artarit. Merci pour ces recherches, pour ces chapeaux et citations. De riches références qui mettent en lumière la condition tant animale qu’humaine.

Ps : Merci pour tous ces extraits de musique classique et évidemment : comme Bambi, j’adore le tube Porqué te vas de Jeanette.

Le mot de Marlène